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Mercredi après-midi, alors que le premier ministre se voulait rassurant dans le ton du désormais célèbre mot-clic #CaVaBienAller, au Regroupement Naissances Respectées (RNR), nous écoutions une femme nous raconter son expérience d’enfantement dans un hôpital de Montréal, et non, ça ne va pas bien. La crise sanitaire et la débâcle politique du gouvernement sont telles que l’espace médiatique est fortement occupé avec les CHSLD et les écoles, et avec raison. La façon dont les aîné.es sont traité actuellement est horrible et bon nombre de familles ont vécu une grande anxiété devant les hésitations multiples du gouvernement au sujet de la réouverture des milieux d’enseignements. Encore une fois, la santé sexuelle et reproductive des femmes tombe un peu dans le vide.

Cette femme, psychologue de métier, nous raconte que l’on a empêché son conjoint de rester en post-partum, c’est-à-dire qu’on l’a enjoint de quitter deux heures après la naissance. Ça peut sembler anodin, après tout, on vit tous et toutes une grosse crise : qu’est-ce quelques jours à passer toute seule avec son bébé ? Quelques jours à passer seule, après un accouchement épuisant, un bébé qui ne veut pas nécessairement dormir, des points de suture, c’est pourtant énorme. Assez énorme pour que cette spécialiste signe un refus de traitement après 36 heures parce que sa santé mentale commençait à l’inquiéter. Elle avait besoin de soutien, sans compter le traumatisme des cris du conjoint d’à côté qui ne voulait pas laisser sa blonde seule avec des jumeaux fraichement nés. On a dépêché les agents de sécurité.

Ici, on parle d’une femme éduquée, privilégiée à plusieurs niveaux. Qu’en est-il de toutes ces femmes marginalisées, des femmes autochtones que l’on envoie loin de leur milieu pour accoucher, des femmes et des personnes qui ont déjà une problématique de santé mentale ?

On ne le sait pas. Personne n’en parle et aucune mesure n’est mise en place.

Qu’attend la ministre de la Santé, qui ne cesse de nous parler de santé mentale, pour s’intéresser aux femmes et aux personnes qui accouchent dans un Québec qui ne daigne même pas appliquer les directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en la matière ? Alors que l’on parle de l’importance des proches aidants, comment se fait-il qu’on laisse des femmes et des personnes complètement seules et isolées dans un moment de grande vulnérabilité ? Non seulement les personnes qui accouchent se voient refuser le soutien nécessaire pendant l’accouchement, mais tous les cours prénataux ont été annulés sans que le ministère pense à une solution de rechange. Le gouvernement du Québec, qui manifestement aime faire les choses autrement, est aussi le seul à ne pas autoriser l’accouchement à domicile. De plus, des personnes faisant une fausse couche se voient refuser un curetage nécessaire du point de vue médical parce que ce n’est pas « urgent ». Heureusement, les cliniques privées qui offrent des services d’interruption de grossesse ont plus d’humanité et acceptent de faire ce qui n’est apparemment pas assez urgent dans notre réseau de la santé.

Le gouvernement ne semble pas prêt à bouger ni à demander aux gestionnaires de faire preuve d’un peu d’humanité dans leurs décisions et protocoles rigides. Nous ne pouvons pas faire grand-chose, le pouvoir n’est pas entre nos mains. Cependant, nous pouvons, collectivement refuser le silence. C’est pourquoi, dans le cadre de la Semaine mondiale pour l’accouchement respecté (SMAR), le RNR, le Groupe Maman (GM) et l’Association Québécoise des accompagnantes à la naissance (AQAN) mettons en place une plateforme destinée non seulement à briser ce silence, mais aussi à récolter des données sur ce que les femmes et les personnes qui accouchent vivent.

 Pour beaucoup de personnes, la crise du coronavirus est si catastrophique qu’elles ne l’avaient même pas imaginé. Qui aurait cru, en effet, que l’économie s’effondrerait, que nous ne pourrions plus sortir de chez soi et que des points de presse quotidienne nous annonceraient le nombre de morts ? Pourtant, cet état d’exception pourrait durer encore de nombreux mois et il n’est pas à exclure qu’en raison des changements climatiques et de l’inaction de nos gouvernements, d’autres crises nous frappent de plein fouet. Il est essentiel de documenter les stratégies mises en place et d’évaluer les impacts sur les personnes requérant des services en santé sexuelle et reproductive afin que le Québec améliore ses pratiques et ne répète pas les mêmes erreurs. Les femmes méritent mieux.

Sophie Mederi pour le Regroupement Naissances Respectées (RNR)

Florence Lola Navia pour le Groupe MAMAN, Mouvement dans l’autonomie pour la maternité et l’accouchement naturel (GM)

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