Catherine

En apprenant ma grossesse en mai 2020, j’étais très heureuse de savoir que j’allais être maman à nouveau. Cependant, j’appréhendais l’accouchement, la manière dont le bébé allait venir au monde.

Pour mon premier accouchement j’ai eu une césarienne, et ce fut un gros morceau à avaler pour moi. Plus que ça, c’était carrément un deuil à vivre… Je rêvais d’un accouchement dans l’eau, dans la chaleur et le calme de l’ambiance que peut offrir une maison de naissance. Cela aurait bien pu arriver mais comme mon travail n’avançait pas, je me suis retrouvée à l’hôpital et malgré les hormones synthétiques pour me donner des contractions plus fortes, rien ne bougeait ! Alors hop, sous le bistouri ! Bébé Florent est donc né dans une pièce froide, lumineuse et bondée de monde. Tout le contraire que ce que j’avais en tête ! Il a été posé sur moi jusqu’à ce que j’ai à quitter pour la salle de réveil. Je l’ai retrouvé que deux heures plus tard. J’ai pleuré ce moment de ma vie pendant des mois même si, objectivement parlant, il était beau. Au terme de cette césarienne, je devenais maman. Quoi de plus beau ! Mais je voyais cette chirurgie comme un échec, je n’avais pas « réussi », je n’avais pas accouché comme une « vraie femme », comme une « vraie mère ».

Donc, tout cela pour dire que quand j’ai appris ma 2e grossesse, j’appréhendais beaucoup la manière dont bébé allait arriver… Bien plus que la pandémie ! Ce qui me tourmentait surtout était de devoir être encore séparée de mon bébé à sa naissance. Je pleurais juste à me l’imaginer.

J’ai débuté mon suivi avec une sage-femme, mais comme j’habitais trop loin à mon goût de la maison de naissance et comme mes chances de retourner en césarienne étaient assez élevées (environ 1/2), j’ai décidé de transférer mon suivi avec une équipe de médecins de famille de Joliette. J’avais rencontré l’un des médecins de l’équipe pour poser des questions avant de transférer officiellement mes soins. J’avais été rassurée quant au respect de mes souhaits de naissance, je tenais absolument à tout faire pour accoucher par voie vaginale. J’ai donc enclenché un suivi médical en pleine pandémie, ce qui voulait d’abord dire que la plupart de mes rendez-vous ont été faits par téléphone. Cela ne m’a pas dérangé plus que cela, car j’étais déjà familière avec la grossesse et je savais que tous mes symptômes, si désagréables soient-ils, étaient normaux.

À 29 semaines de grossesse, j’ai appris que j’avais un faible diabète gestationnel. Protocole enclenché, j’avais un suivi serré à l’hôpital chaque semaine. J’ai souvent questionné à savoir pourquoi un suivi si serré en présentiel à l’hôpital si je gère très bien mes taux de sucre avec l’alimentation. Pourquoi avais-je que des rendez-vous par téléphone pour le suivi normal de grossesse, mais que pour faire vérifier mon petit carnet de diabète, il faut me présenter en personne ? Dans le cadre d’une pandémie, en plus, j’ai trouvé que c’était trop ! C’est le protocole… Je sais ! Mais, en pleine pandémie, il aurait dû être modifié pour des patientes comme moi. Envoyer mon carnet par courriel et en discuter par téléphone aurait été amplement suffisant. Je suis donc allée à l’hôpital toutes les semaines de 30 à 39 semaines de grossesse pour le suivi de diabète pour rencontrer, à chaque fois, un nutritionniste et un gynécologue ! Je pouvais être là, dans un corridor, à attendre que le gynéco se libère pour me confirmer ce que m’avait dit le nutritionniste deux heures avant. J’ai trouvé ces suivis très souvent inutiles, futiles et quasiment risqués dans le contexte de la pandémie.

Là où grossesse et pandémie m’ont créé le plus d’émotions, c’est lorsque j’ai su officiellement que je ne pourrais pas avoir ma doula avec moi pour l’accouchement… du moins si je voulais que mon chum soit présent aussi. Je ne pouvais avoir Sandra et mon conjoint à mes côtés, car nous étions en zone rouge. Je l’ai su bien longtemps avant d’accoucher et heureusement… J’ai eu le temps de m’y faire et de m’y préparer mentalement. Pour moi, avoir une doula, surtout en milieu hospitalier, était un incontournable. Elle était ma force, mon phare ! Comme je doutais grandement de la capacité de mon corps à enfanter naturellement, l’idée de la présence d’une doula me donnait confiance et m’apportait du positif, à travers tous mes tourments de cet accouchement à venir. Savoir qu’elle ne pourrait pas être là m’a rendue très nerveuse et m’a momentanément fait baisser les bras. Je me voyais mal la choisir elle plutôt que mon chum comme accompagnateur, (la situation sanitaire forçait à avoir seulement une personne accompagnante) mais j’avoue y avoir un brin pensé. Finalement, on a trouvé une solution en modifiant le suivi qu’elle faisait avec nous. Comme elle ne pouvait pas venir à l’hôpital, le plan de match était qu’elle vienne me faire des manœuvres et des points de pression quand je serais à 39-40 semaines pour inciter le travail à se déclencher et pour éviter le plus possible d’être provoquée. De plus, je lui parlais régulièrement. Rendue à terme, je peux dire que j’étais préparée mentalement et outillée à vivre la douleur et le travail sans sa présence.

Toujours pour cause de pandémie, nous avons eu nos cours prénataux avec la doula plus tôt que prévu, avant que tous les services non-essentiels ne ferment… Lors de mes suivis médicaux, on m’a remis des feuilles expliquant les nouveaux protocoles en place à cause du covid. J’angoissais à l’idée d’avoir un test covid à mon arrivée en plein travail, que mon chum ne puisse monter à l’étage avec moi tant qu’on n’avait pas mon résultat, que les bagages devaient attendre dans l’auto, etc. Mais ma plus grande crainte était d’être en travail et de pousser mon bébé avec un masque ! En plus d’être préoccupée par le dénouement de mon accouchement et d’attraper le virus enceinte, il y avait cette nouvelle ombre au tableau… Accoucher avec un masque ! Bien heureusement, plus de peur que de mal.

Le 26 janvier au matin, à 7h30, je suis arrivée à l’hôpital pour être provoquée, car je n’avais presque plus de liquide amniotique. J’étais à 39,4 semaines. On m’a montré ma chambre, on m’a expliqué comment la journée allait se dérouler, on a rempli des papiers, etc. Ce n’est que vers 9h30 que j’ai eu mon test covid. Aucune presse comme je l’avais imaginé. Mon chum et moi avons porté notre masque jusqu’à ce que mon travail actif commence vers 15h15. Ensuite, je n’y pensais plus du tout et personne ne m’a demandé de le remettre. Mieux encore, aucun membre du personnel ne nous a demandé de nous masquer durant la durée totale de notre séjour. On l’a remis pour partir à la maison avec bébé, c’est tout. J’en ai été bien soulagée !!! La fameuse feuille reçue quelques mois plus tôt avec ses protocoles serrés de période covid m’ont énervés pour rien ! 

Être enceinte en pandémie a amené du stress… Avoir un nourrisson pendant cette même période aussi ! Cependant, dans mon cas, ce qui m’a toujours le plus stressé était de retourner en césarienne. Finalement, plus de peur que de mal… Bébé Marjolaine est sortie par la bonne porte à la vitesse de l’éclair et en pleine santé. Et papa et maman sont finalement vaccinés !