Joanie

Ma grossesse a été difficile. Ce n’était pas une surprise car je m’y attendais, mais ça n’a pas rendu le tout plus aisé pour autant… Neuf mois, c’est long quand chaque jour est une épreuve. Malgré tout, le temps passe et le grand jour approche. Tu as hâte d’enfin pouvoir serrer dans tes bras, cette petite chose qui pousse dans ton ventre. Et puis… Boum ! La pandémie.

Deux ou trois semaines avant la date de mon induction, il commence à être question que le conjoint ne puisse plus être présent à l’accouchement. Autant dire que j’ai braillé tous les soirs, de peur que le CHUM interdisse à son tour la présence des conjoints durant celui-ci. Parce qu’à ce moment-là, la COVID n’était pas encore connue et les procédures changeaient tous les jours. Aucune certitude sur les manières de faire et aucun moyen de s’assurer que mon chum allait pouvoir être là pour le jour le plus important de nos vies. Heureusement, l’incertitude s’est levée et nous allions pouvoir être ensemble. Toutefois, nous ne pourrions pas sortir de la chambre, mais deux-trois jours dans une pièce avec ton nouveau-né ; ce n’est pas si pire !

Sauf qu’au final, ça n’a pas été deux-trois jours… L’induction a été longue, très longue ! Ça a pris quatre jours avant que j’accouche. Autant dire que les maigres collations et les quelques divertissements que nous avions apportés étaient finis dès le deuxième jour.

Après ces quatre jours interminables, nous avions notre enfant. Nous allions donc pouvoir retourner à la maison bientôt. Pas si vite ! Bébé doit rester en néonatalité quelques jours parce qu’ils ont peur qu’elle fasse une hémorragie, et en néonat, c’est un parent à la fois en ces temps de COVID. Papa ne connait rien aux bébés, il n’en a jamais côtoyé et pensait pouvoir être accompagné et apprendre auprès des infirmières, mais c’est moi qui suis présente auprès de notre enfant en néonat, car j’allaite. Papa reste donc à nouveau enfermé dans notre chambre, pendant que je vais apprendre à être maman, seule. Mon conjoint a appris à donner le bain à notre enfant et changer une couche par vidéo. On s’entend qu’il y a mieux comme approche.

Cerise sur le gâteau, nous devons quitter notre chambre au post-partum. Sauf que bébé est toujours en néonat et ne sortira pas aujourd’hui. Alors papa doit retourner seul à la maison et on « m’offre » une magnifique chambre sans fenêtre près de mon enfant. J’attends dans ma petite pièce sombre que le temps passe et on m’oublie. Je dois me débrouiller pour trouver des draps et pour m’assurer qu’on m’apporte bien mes repas. J’ai pleuré toute la nuit.

Ceci n’est qu’une petite parcelle de notre rencontre avec bébé en temps de COVID. Je n’ai pas mentionné que nous avons été mis en en isolement, car je faisais de la fièvre à mon arrivé, que les infirmières ne savaient plus du tout quelles procédures suivre, puisqu’elles changeaient tous les jours, que je n’avais pas accès à tout le matériel et le support que j’aurais pu avoir, parce que; COVID… Mon accouchement a été un moment stressant. Je n’ai pas de photo avec ma nouvelle famille, nous n’avons pas pu vivre nos premiers instants à trois. La COVID a énormément compliqué les choses.

À notre retour à la maison, aucune infirmière n’est venue s’assurer que nous étions corrects, on nous a appelés. Aucun membre de notre famille n’a pu venir nous aider, on s’est appelé. Tu fais ton possible avec bébé, tu apprends comme tu peux, mais tu n’as aucun moyen de savoir si tu fais les choses correctement puisque personne n’est là pour vérifier ou t’accompagner, et tu doutes… Oui, la COVID nous a permis d’être plus forts comme parents, car on s’est débrouillés seuls. Elle a aussi permis à Papa de rester longtemps à la maison, alors il a pu connaitre sa fille et apprendre son nouveau rôle, sans le stress du retour au travail. Nous n’avons pas reçu 1001 visites impromptues qui fatiguent et qui prennent du temps. Mais, ce n’était quand même pas la première année de vie que j’espérais pour ma fille et ma famille. La COVID nous l’a enlevé.