Laura

Histoire de grossesse en temps de COVID-19 

Début novembre 2019, enfin, un petit plus! Il était attendu, ce test positif. Mon rêve de devenir maman à 25 ans devient réalité. Je rêve à ma grossesse parfaite. Je prévois terminer l’année scolaire avec les élèves et m’inscrire à des cours d’aqua bedaine, de yoga prénatal… J’attends avec impatience les inscriptions du printemps. Tout va pour le mieux, tout se passe comme prévu, jusqu’à ce que le mot « Coronavirus » commence à se faire entendre partout.

 

Chamboulements

Le 13 mars, tout s’arrête et laisse place à une anxiété généralisée. Je dis au revoir à mes collègues dans l’espoir de les revoir 2 semaines plus tard, mais j’ai un doute, étant donné que je suis enceinte. Je ne les ai pas revus depuis ce jour. Je n’ai même pas eu le droit d’aller récupérer mes effets personnels sur les heures d’ouverture de l’école et de dire au revoir à mes « cocos » de la maternelle ainsi que mes collègues. Je devais y aller après 17h30 le soir, pour être sûre de ne pas croiser qui que ce soit. Début avril, c’est donc le cœur gros et seule que j’ai fait une dernière tournée de l’école, afin de ramasser mes effets personnels à mes postes de travail.

Mes projets d’inscription à diverses activités prénatales sont tombés à l’eau, je n’ai donc plus personne avec qui socialiser. Le temps est long et je dois me trouver de nouveaux trucs contre l’anxiété, étant donné qu’elle est plus présente que jamais et que je n’ai pas d’échappatoire.

J’ai besoin de voir mon ostéopathe pour soulager mes douleurs liées à la grossesse. Les ostéopathes ne sont pas un soin de santé essentiel. J’ai choisi d’attendre, puisque je ne voulais pas voir un chiropraticien suite à une mauvaise expérience. Ma douleur a augmenté, jusqu’à ne plus être capable de marcher. J’ai donc fait une série d’appel téléphonique pour trouver un chiropraticien qui pouvait me voir en urgence, je ne pouvais pas attendre plusieurs jours.

Nos familles ont envies de célébrer l’arrivée de bébé. Tous les plans sont chamboulés encore une fois. Pas de rassemblements pour un « shower ». Nos familles travaillent fort pour nous organiser une surprise malgré tout. Bébé est célébré façon COVID-19. Nous promettons à tous de se réunir une fois que ce petit être sera né.

 

La préparation à la naissance de bébé

Mes suivis de grossesse sont maintenant à 1h de chez moi, le point de service de la maison de naissance étant fermé à cause du COVID-19. Par chance, mes rendez-vous se font en présentiel, sauf un. Ça me change les idées et ça occupe une partie de journée, une fois de temps en temps. Mon plan A pour le lieu d’accouchement était à l’hôpital, si les négociations se terminaient à temps. La pandémie a mis un frein aux négociations, j’ai donc dû opter pour mon plan B. Mon plan B, accouchement à domicile. Rapidement, ce plan devient vraiment mon idéal. Je ne me vois plus accoucher ailleurs que chez moi. Accueillir bébé dans notre maison, dans son environnement me semble parfait. Avec l’évolution de la situation, mon accouchement à domicile semble de plus en plus improbable… on passe au plan C. Plan C, accouchement à la maison de naissance. Je m’y fais tranquillement à l’idée. J’y vois presque juste du positif au final. Ça me semble même une option idéale finalement. Je nous vois dans une chambre, dans notre bulle, et avec quelqu’un pour nous soutenir pendant 24h si nécessaire. C’est rassurant pour la naissance d’un premier bébé de ne pas être laissé à nous même après 3h.

Outre le lieu de naissance, je veux me préparer à l’accouchement et à l’allaitement. La maison de naissance n’offre plus de cours prénataux. Les sages-femmes sont à l’élaboration de superbes vidéos pour remplacer les cours, mais personne ne sait quand ça sera prêt. Je me mets donc à la recherche d’un endroit où c’est offert malgré la pandémie. Je trouve la maison des familles de ma ville qui offre les deux cours en ligne, soit prénataux et préparation à l’allaitement.

 

Les médias

Les médias sont très présents dans ma vie depuis le début de la pandémie. J’écoute chaque point de presse, je m’informe sur le virus. Les médias parlent de plus en plus de différentes situations en lien avec les femmes enceintes et les accouchements. J’entends beaucoup d’histoire de femmes qui ont dues accoucher seule et ça me fait tellement peur. J’ai peur de devoir accoucher seule depuis le début de ma grossesse par le travail de mon conjoint, mais cette peur que j’avais réussie à calmer me hante à nouveau. J’ai peur que mes droits ne soient pas respectés. Heureusement, le gouvernement n’encourage pas ces restrictions et demande à ce que les femmes qui accouchent puissent être accompagnées par une personne. Mes sages-femmes sont également très rassurantes.

 

Enfin, une bonne nouvelle

A mon rendez-vous de suivi de 35 semaines, ma sage-femme m’annonce que les accouchements à domicile sont à nouveau autorisés. J’ai à nouveau le choix du lieu d’accouchement. Retour au plan B! Je dois faire tous les préparatifs nécessaires avant mon rendez-vous de 37 semaines. Ça me laisse environ 2 semaines pour faire ce que j’aurais pu faire en 4-5 semaines, mais je fais tout pour être prête. J’ai espoir que tout sera parfait pour un accouchement à domicile. Lors de la visite de ma sage-femme, on évalue même un plan B dans ma maison en cas de canicule. Tout se met en place et l’accouchement à domicile est réaliste.

 

Jour J

La pandémie est plus calme, nous sommes entre deux vagues lorsque le jour J arrive. Pour une raison hors de contrôle de tous, je dois aller accoucher à la maison de naissance. Je suis sereine avec l’idée. C’est une belle journée d’été, je vais rencontrer ce petit être merveilleux qui grandit en moi depuis plus de 40 semaines. Ma sage-femme est rassurante et je peux oublier, le temps d’une nuit tout ce qui se passe dans le monde avec ce fameux virus. Une belle bulle de bonheur et de douceur se crée autour de nous 3, mon conjoint, bébé qui travaille fort pour naître et moi. C’est au milieu de la nuit, après seulement quelques heures, que nous rencontrons enfin notre bébé, une magnifique petite fille.

 

Les premiers mois

L’été est plus doux, alors nos proches immédiats ont la chance de rencontrer notre petite puce, en respectant quelques règles. On est heureux de partager ces quelques instants avec eux. Nous avons l’espoir d’organiser une fête de bienvenue avant la fin de l’été. Les semaines passent et les règles sanitaires ne s’assouplissent pas, au contraire. La deuxième vague arrive avec son lot d’incertitudes et de mesures. En repensant à tous les premiers moments de bébé, je suis un peu triste de ne pas avoir eu la chance de les partager avec nos proches. Eux aussi, ils en sont tristes, mais on essaie de se rappeler qu’un jour, nous aurons une vie plus normale et qu’on profitera des prochains premiers moments avec eux.

 

Une deuxième grossesse

Fin mars 2021, j’apprends que je suis à nouveau enceinte. C’est avec joie que nous accueillons cette belle nouvelle. Par contre, je me questionne beaucoup. Quelles seront les règles sanitaires lorsque viendra le temps de mettre bébé au monde? Aurons-nous la chance de présenter ce deuxième enfant à nos familles? De quoi aura l’air cette grossesse-ci? À l’image de la première ou à l’image de ce que j’avais imaginé? Seule les prochaines semaines pourront nous le dire, mais ce bébé est déjà aimé et attendu, comme sa grande sœur. Et je sais que mon conjoint sera encore merveilleux durant tout ce parcours et qu’il partagera avec moi toute la gamme d’émotions que nous aurons à traverser.