Isabelle 

Une fausse couche en mai 2020, je serais tombée enceinte en mars quelques jours avant le confinement. J’ai dû me rendre à l’hôpital seule et le vivre seule, car il y a eu des complications et j’ai dû être hospitalisée pour infection/septicémie.

La 2e grossesse, j’en suis à 24 semaines, et on voit encore les cas montés. J’ai peur de ce virus, peur que mon corps ne sache pas passer à travers tout ça, peur du monde dans lequel ce 3e bébé va naître, qu’il ne connaîtra pas le avant. L’impression de voir ma grossesse de très loin, comme si elle ne m’appartenait pas, car je ne la partage avec personne. À la précédente grossesse j’étais plus positive, là au bout d’un an, après la fausse couche, je trouve ça beaucoup plus dur, moi qui ai toujours aimé être enceinte, là ce n’est pas le cas, je le vois comme un stress de plus, je trouve ça lourd, même si cette grossesse est souhaitée.

C’est le constat qu’il y aura toujours un « avant pandémie ». J’ai 2 autres enfants qui trouvent ça dur, l’école qui referme, ne pas voir leurs grands-parents, et peut être les hormones, mais ce n’est pas le « monde » que je voulais leur offrir à la base. C’est toute ma maternité qui en est affectée en quelque sorte. J’ai l’impression que tout le monde est fâché autour, qu’on devient hyper vigilant pour tout, qu’on a peur des gens autour de nous, que nos enfants apprennent à craindre les autres, le fameux 2 m et je me dis ouf, ce n’est pas ce que j’aurais voulu lui offrir finalement. Je vois ça peut-être pire que c’est, le temps commence à faire son effet, et on a l’impression de ne plus se sortir la tête de l’eau, encore un confinement. Est-ce que cet enfant connaîtra les colleux aux autres amis, aux grands-parents, autre chose que des visages masqués, la super vigilance, les fermetures, les gens tristes ? Es ce qu’il aura la même relation que mes plus grands avec ses cousins, c’est beaucoup de choses finalement, que lui ne connaîtra pas avant longtemps j’ai l’impression. Avoir la conscience tranquille à souper en famille ou amis, ou ne pas penser COVID quand un ami fait de la température. Mes grands voient des gens réunis dehors et ils les chicanent presque parce que c’est ce qui est fait à l’école par exemple, ça me désole qu’ils pensent à ça à leurs âges. Oh et les gens fâchés, partout… On dirait que la bienveillance a fait place à la frustration.