Rosie-Jessica

Mon rêve était d’être sage-femme ! À défaut de ne pas l’avoir fait pour seule cause que l’unique école offrant ce programme était à trois heures et demie de chez moi. Alors n’ayant pas pu suivre les femmes dans cette merveilleuse aventure j’ai décidé de la vivre pleinement à ma façon cette aventure. Je m’appelle Jessica, je suis préposée aux bénéficiaires depuis 13 ans et en retour aux études dans le domaine de l’éducation. Je suis maman de quatre beaux enfants dont 3 suivis sage-femme et je porte en ce moment un cinquième et sixième enfant pour qui j’ai malheureusement du dire bye bye au suivi en maison de naissance.   Deux de mes grossesses se sont déroulées durant la pandémie. Voici les récits…

Octobre 2019, j’apprends que je porte à nouveau la vie deux mois après mon mariage. À l’hôpital la médecin qui me suivait a fait une erreur en me donnant des pilules abortives, puisqu’elle disait ne plus entendre le cœur à seulement 7 semaines. Le hic c’est qu’elle n’avait pas vu non plus que je portais deux enfants. Alors l’un des deux a terminé en fausse couche. Quelque chose me disait qu’il y en avait un autre, car mes symptômes de grossesse persistaient. La médecin voulait me faire un curetage croyant qu’il restait des débris. J’ai demandé qu’on me passe l’échographie avec une autre médecin, puis c’était une évidence il y a bel et bien un autre fœtus encore bien vivant. J’étais à 10 semaines. Il y avait des risques que la pilule ait causé des malformations. Les mois passent et je vis avec cette peur de la malformation. La sage-femme faisait de son mieux pour m’encourager. Février 2020, on apprend que ce sera un garçon et du même coup qu’il aura les pieds bots. Ce fut un choc pour nous deux, car nous avons réalisé que la médication abortive a bel et bien causé des malformations. Par contre, au fil du temps, nous avons vu que ce n’était que ça que tout le reste se portait bien. Mars 2020, annonce de pandémie et fermeture des garderies et écoles. Je me retrouve vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec ma fille et ses devoirs d’école via zoom tout en étant aussi avec mes deux autres garçons, dont un qui ont un spectre de l’autisme. Les journées étaient rock and roll à essayer de leur expliquer l’hygiène et la raison du pourquoi nous ne pouvions sortir nulle part. Ce fut toute une adaptation pour eux. Durant ce temps, moi de plus en plus grosse, je me donnais à fond pour mes enfants. Activités, projets et autre afin de les occuper. Moi, honnêtement, je ne m’occupais plus de moi… Je me fabriquais du linge de maternité avec ce que j’avais. Très heureuse, mais à la fois fatigué, car mon conjoint, lui, c’est continuait de travailler. Mois de mai, mon conjoint se retrouve avec une paralysie de Bell, il est alors épuisé et traverse une dépression. Notre déménagement arrivait à grands pas et rien de fait encore. Je faisais tout, toute seule. Lui qui est si présent normalement ne l’était plus du tout à ce moment-là. Je m’occupais donc du budget, de la maison, des enfants, du mari et du déménagement tout en étant enceinte prêt à exploser. Je devais aller a tous mes RENDEZ-VOUS seule, échographie, ceux des enfants, seule à cause du covid. J’ai accouché au mois de juin. En maison de naissance. Quinze heures de travail actif, un bébé mal positionné, un conjoint qui dormait la majorité du temps et une peur incroyable qu’il soit malade. J’accouche finalement dans le bain au matin du 13 juin 2020. Avec une équipe masquée et portant une visière. Mon conjoint aussi d’ailleurs. Malheur il cessé de respirer. On coupe de cordon dans le bain, on amène le chariot de Rhéa et on me fait sortir du bain. On retire le placenta, on m’installe et moi tout ce temps je panique en regardant mon bébé se faire aider. Ouf il revient et sa couleur aussi. On me le donne. On me transfère quelques heures plus tard à l’hôpital pour le surveiller, car il faisait du tirage. On m’enlève mon bébé et l’amène à la pouponnière où je n’ai pas le droit d’aller avant d’avoir eu un test de covid négatif. On le fait aussi à mon pauvre bébé. J’attends durant des heures avant d’avoir une seule nouvelle de mon bébé. Je sonne et je me fâche. Alors on me revient avec un covid négatif et on me permet d’aller le voir à la pouponnière. Tout branché dans sa couveuse. Mon cœur de mère a mal. On refusé l’accès a mon conjoint. Je fais une crise et ils me permettent sa venue. Il passe un test covid et va voir son bébé aussi. Nous sortons 24 heures après. Bébé va bien. Nous déménageons deux semaines après. Je suis épuisé et j’ai beaucoup de douleurs post accouchements cette fois-ci. Je fais de l’anémie sévère, je saigne énormément, j’ai dû mal avec mes montés de lait et j’en passe. Je débute les RENDEZ-VOUS en clinique d’orthopédie de Ste-Justine mon bébé a 2 semaines. Je dois y aller seule, sans aide ni accompagnement à cause du covid. Alors masquée durant les 10 premières semaines de vie de mon bébé, chaque semaine, je vais a Sté-Justine seule, a attendre durant des heures pour refaire ses plâtres, sa ténotomie, l’installation de ses bottines puis ensuite ça s’est calmé. C’était aux deux semaines, puis maintenant qu’il a 10 mois c’est aux trois mois. Mon mari s’en est remis environ en août. Il était de nouveau bien plus présent et sa paralysie est partie. En début 2021 nous décidons d’avoir un dernier enfant avant de fermer la boutique. Ça me ferait 5 enfants et un beau-fils de neuf ans. Nous débutons les essais sous ovulant, car j’ai un problème de cycle trop long. Miracle ça fonctionne du premier coup en tout début février. Nous sommes très heureux. Mars, je fus prise d’une violente douleur côté gauche du ventre. Je vais à l’hôpital et j’attends des heures masquée et à jeun. J’ai de violentes nausées et une migraine affreuse. Ils me gardent en observation. J’ai un kyste ovarien qui a rompu, mais rien de très grave juste douloureux. On ne m’offre même pas de Tylenol, on me demande de garder mon masque sans je cubicule, on me place dans la seule civière restante section rouge chaude avec plus de 5 cas de covid actif ! J’ai eu droit au test moi aussi. On m’amène en écho d’urgence, surprise j’attends des jumeaux. Mon conjoint n’ayant pas le droit d’être avec moi là su par téléphone. Il était très heureux et moi aussi, mais sous le choc. Alors voilà j’en suis a 10 semaines, je suis dû pour fin septembre début octobre 2021 et j’ai bien l’impression que nous serons encore en temps de covid. Que je devrai faire presque tous mes RENDEZ-VOUS seule ! Cette fois je ne pourrai pas accoucher en maison de naissance je ne sais donc pas comment je vais gérer cela… J’ai très peur d’accoucher sous épidural ou césarienne. J’ai peur qu’on ne respecte pas mes choix. Je devrai aussi sûrement accoucher avec le masque et j’ignore comment je ferai ça, moi qui fais des migraines et qui ai une très basse pression. On me dit de faire appel à une accompagnante à la naissance, mais je me demande si elle et mon conjoint pourront être présents lors de l’accouchement. Nous allons simplement profiter de cette belle grossesse et voir par la suite ce qui nous attend.