Mahéva

Je suis une jeune maman étudiante en 3e année en soins infirmiers. Je viens tout juste d’avoir 25 ans. J’ai une grande fille de 3 ans 1/2 et un petit garçon qui vient d’avoir 3 mois, avec mon conjoint des 7 dernières années.

Je suis tombée enceinte de mon garçon en mars 2020 donc, au tout début de la pandémie. Ce n’était pas prévu du tout avec mes études et tout, mais sachant qu’on ne sera sûrement pas sorti du bois de sitôt, on s’est lancés dans l’aventure d’un 2e bébé ! On était contents, en se disant naïvement que d’ici décembre 2020, toute la pandémie serait histoire du passé… Je n’avais pas été vers le suivi sage-femme pour ma 1re grossesse, mais ça me trottait dans la tête que je le ferais probablement pour la deuxième. C’est vraiment la COVID qui a clarifié ma décision d’y aller avec les sages-femmes cette fois-ci et je ne regrette absolument pas ! Grâce à ces merveilleuses femmes, les impacts de la COVID sur mes suivis de grossesse ne se sont absolument pas fait sentir ! Elles étaient disponibles dès que j’en avais besoin et que j’avais des inquiétudes ou besoins d’un conseil. Mon conjoint avait même le droit de m’accompagner ! Quelle chance !

J’ai eu une très belle grossesse qui a duré très longtemps ! 41 semaines et 3 jours, je n’en pouvais plus et j’étais réellement frustrée que le travail ne commence pas donc, le 21 décembre 2020 à 20 h, ma sage-femme et moi prenions là décisions de crevé mes eaux. Le travail actif à durée 49min et mon gros bébé garçon de 10 livres était dans mes bras, enfin !

Dans mon cas, c’est au post-partum que ça se complique. C’est Noël et je ne peux pas voir ma famille, je présente mon bébé aux gens que je chéris le plus via ma fenêtre de cuisine. (J’ai une famille tissée serrée et j’ai 5 frères et sœurs). Ils déposent des cadeaux sur mon porche et moi je pleure comme j’ai rarement pleuré avec mon bébé dans les bras. Les jours qui suivent, je ressens de la tristesse, mais surtout, de plus en plus d’anxiété. J’invente et imagine une tonne de maladies graves à mon tout petit bébé ; des cancers surtout ! Je panique à rien. Je culpabilise aussi parce que je n’ai plus autant de temps seule pour ma grande. Je fais tellement d’anxiété que je ne ressens plus les impacts du manque de sommeil. Je me sens tellement prisonnière et isolée à cause de la C**** de COVID, les mesures se resserrant chaque jour.

 

Me voilà maintenant à 3 mois PP, j’ai un énorme besoin d’un suivi pour une dépression PP, mais je dois patienter sur une liste d’attente sans fin. En attendant, j’ai droit à des appels téléphoniques d’une travailleuse sociale. Je suis maintenant vide d’émotions et j’ai des journées et nuits très creuses ou je n’ai plus envie de rien et je veux juste pleurer. Je suis déçue de moi, car s’il y avait bien un rôle dans ma vie dans lequel je me trouvais compétente et heureuse, c’était bien mon rôle de mère ! Ce fut une réelle révélation lorsque j’ai eu mon premier bébé, à mes yeux j’étais faite pour être mère ! Je me sens terriblement coupable de ne pas avoir le même sentiment pour mon merveilleux petit garçon. Je suis isolée, je souffre d’un faux trou vide en plein thorax, plus rien ne me passionne et mes enfants grandissent à la vitesse de l’éclair. La COVID me vole des moments si précieux pour mes proches, mes enfants et moi. J’ai besoin de parler avec d’autres mamans comme moi autour d’un café ou bien lors d’une marche, mais on m’offre des rencontres en Zoom qui ne semble pas aboutir à grand-chose puisque tout le monde est aussi démotivé que moi à l’idée de se rencontrer via une webcam. Notre vie se résume maintenant à se lever le matin et attendre que la journée passe.